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César Daly architecte restaurateur de la cathédrale au XIXe siècle

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Né en 1811 d’un père anglais, John Daley, prisonnier de guerre, et d’une mère française, César Daly est durant sa vie un architecte influent, associé à de nombreuses sociétés savantes et honoré par plusieurs gouvernements. Il est surtout un théoricien de l’architecture, plus qu’un praticien de terrain. Daly est notamment connu pour avoir fondé en 1840 la fameuse Revue générale de l’architecture et des travaux publics, dont il est le propriétaire et le directeur pendant de nombreuses années et qui connaît un succès international. La parution de cette revue mensuelle s’interrompt en 1888. Daly publie également de nombreux ouvrages et multiplie les conférences. Mais il est à l’origine de peu de constructions. En tant qu’architecte diocésain du Tarn de 1848 à 1877 il se consacre principalement à la restauration de la cathédrale d’Albi.

L’aventure albigeoise de Daly débute plusieurs années avant sa nomination comme architecte diocésain le 16 décembre 1848. Il est nommé en juillet 1844 par le gouvernement pour mener une mission d’étude sur la toiture de la cathédrale. Son mauvais état risquait d’entraîner de grands dommages à l’ensemble peint de l’édifice. Daly a alors 33 ans. Il s’est formé auprès d’un architecte de premier plan Félix Duban, prix de Rome en 1823. Après huit mois d’études, il rend ses conclusions et est rapidement chargé de la direction des travaux (1846). César Daly remet au ministre en juillet 1849 un projet détaillé de restauration globale de la cathédrale approuvé deux ans plus tard. Abandonnant la solution retenue par l’architecte départemental Antoine Becci de reprise de la toiture sur le modèle ancien, Daly opte pour une modification complète du système de couverture et la réalisation d’un couronnement dominé par trente deux clochetons, dans le prolongement des contreforts. Les voûtes des chapelles de l’abside sont reprises et le chevet est consolidé. La nouvelle toiture de tuiles canal se substitue à l’ancienne, qui débordait les murs de rive et reposait directement sur les reins de la voûte. Au-dessus des chapelles l’architecte diocésain crée des terrasses couvertes de dalles de pierre doublées par des lits de bitume. Les murs sont exhaussés afin de masquer la surélévation du comble. L’architecte diocésain reprend pour décorer le nouveau couronnement le système des arcs en plein cintre entrecroisés retombant sur des culots de pierre des étages du clocher. Les murs sont couronnés par des balustrades de pierre décorées de quadrilobes. En 1862, la reconstruction de la toiture terminée, on peut lancer la construction des clochetons. Lorsqu’ils sont réalisés, l’effet visuel se révèle désastreux, car il modifie profondément le rapport avec le clocher. Une opposition locale s’organise et aboutit au Sénat en 1866. L’architecte qui avait bénéficié de l’appui constant de Monseigneur de Jerphanion, archevêque d’Albi entre 1842 et 1864 (mais n’a pas les faveurs de son successeur Mgr Lyonnet, qui lui préfère Camille Bodin-Legendre, inspecteur des édifices diocésains et collaborateur de Daly) est finalement désavoué. Les travaux sont suspendus et après la mort de l’architecte (1894), Charles Albert Potdevin est chargé de mettre en œuvre la « dérestauration » du couronnement. Les clochetons sont ramenés au niveau du mur de couronnement, qui prend la forme d’un simple mur de brique souligné par des chaînages de pierre blanche en lieu et place de la balustrade initiale. Les travaux commencés en juin 1898 se terminent en 1902.

La cathédrale avec les clochetons de Daly, 1869

Si le couronnement de la cathédrale de Daly a fait couler beaucoup d’encre, d’autres interventions ont été plus heureuses. Tel est le cas de la restauration du baldaquin et du portail principal de Sainte-Cécile. La réfection du baldaquin débute en août 1858 et s’effectue face après face. Les travaux ont été confiés à Léon Joseph Nelli. Le porche, chef-d’œuvre du gothique flamboyant, est patiemment repris avec une grande rigueur. Pour la voûte Daly doit faire œuvre de création car on ne connaît pas la forme de la couverture initialement prévue. Le résultat est une réussite. Les niches vides sont meublées d’un ensemble statuaire dont les modèles en plâtre sont élaborés par le sculpteur Pierre Bernard Prouha. Le portail contemporain du baldaquin est complété et retrouve son grand tympan ajouré. Là encore des statues viennent occuper les niches des piédroits et des voussures. Comme pour le baldaquin, les modèles sont reproduits dans la pierre par le praticien Édouard Nelli. Une seule statue est encore en plâtre, celle de Marie Madeleine. Le chantier est interrompu par la guerre de 1870 qui impacte également la restauration de la porte Dominique de Florence, confiée aux soins de Jean Isidore Nelli. Ce dernier ne ne peut terminer la restitution de la statuaire d’après la description laissée par Bernard de Boissonnade au XVIIe siècle. C’est à cette occasion que la tour d’appui est arasée et reçoit un couronnement crénelé.

Daly fut également à l’origine de travaux de restauration des peintures intérieures et de leurs vitraux. Pour ces travaux l’architecte diocésain s’adressa essentiellement à des artistes parisiens. Antoine Lusson fils est ainsi chargé de la restauration du plus ancien vitrail de la cathédrale, datant du XIVe siècle, offert par l’évêque Béraud de Fargues (1314-1334). Il est alors complété pour moitié et Lusson s’en inspire pour créer les quatre verrières (1861-1862). Alexandre Denuelle restaure les fresques italiennes du chevet. Les voûtes des cinq tribunes polygonales de l’abside, reconstruites par Daly, reçoivent de décors reproduisant fidèlement l’ornementation ancienne. Mais l’équipe de Denuelle reprend également les fresques qui entourent les fenêtres hautes des tribunes latérales du chœur. Le travail du restaurateur, loué par les contemporains, est d’une grande qualité approchant la technique originale.

Un deuxième restaurateur intervint au cours des années 1872-1873 dans cinq chapelles nord de la nef. Il s’agit du peintre toulousain Joseph Engalières. Le contexte était alors bien différent. Comme nous l’avons dit la position de l’architecte diocésain affaiblie il ne disposait plus du soutien de l’archevêque. Daly, contraint de céder aux exigences du prélat, fit peindre ses armoiries et ajouter des médaillons meublés des représentations en buste des nouveaux titulaires. Le travail d’Engalières apparaît plus rigide et sec que celui de Denuelle.

César Daly qui s’était séparé de Camille Bodin-Legendre en avril 1871, alors qu’il assurait la bonne marche du chantier en son absence, fut à son tour fragilisé par le changement de régime. Par ailleurs, il s’est attiré l’hostilité des autorités municipales et préfectorale au sujet d’un projet de voirie aux abords de la cathédrale. Il finit par démissionner à son tour le 3 janvier 1877.



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