HISTOIRE

Le grand orgue

L’orgue gothique (fin XVe siècle)

Construit à la fin du XVe siècle à l’initiative de l’évêque Louis Ier d’Amboise, très vraisemblablement de facture italienne, cet instrument était d’une dimension similaire au buffet actuel, ce qui faisait de lui l’un des plus grands orgues de la chrétienté. Il semble que cet instrument exceptionnel soit devenu assez rapidement muet, faute de n’avoir pu être entretenu et restauré avec la technique voulue. Il a été décrit avant son démontage en 1734 par le facteur d’orgues Christophe Moucherel, qui a reconnu n’avoir jamais vu un instrument pareil dans tout le royaume.

L’orgue Moucherel (1734-1736)

C’est avec le facteur d’orgues Christophe Moucherel, originaire de Toul en Lorraine, que l’archevêque d’Albi Mgr Armand-Pierre de La Croix de Castries passe commande en 1734 d’un grand orgue neuf. Après seulement deux ans de travaux, le grand orgue est achevé. Il comporte alors quatre claviers, un pédalier et quarante-trois registres. Il devient très célèbre, notamment en raison de l’esthétique et des dimensions exceptionnelles de son buffet : 16,20 m de large pour 15,20 m de hauteur.

Ses agrandissements successifs (1747-1824)

En 1747, les facteurs d’orgues toulousains François et Jean-François l’Epine (père et fils) interviennent sur le grand orgue. Ils y ajoutent quatre registres. L’année 1778-1779, le Provençal Joseph Isnard réalise un important travail sur l’instrument en y ajoutant huit registres et surtout un clavier supplémentaire, essentiellement composé de jeux éclatants d’anches.

En 1824, le facteur d’orgues toulousain Antoine Peyroulous, qui entretient l’instrument depuis 1810, effectue une restauration avec divers aménagements de la composition et quelques ajouts de registres. Le grand orgue se retrouve avec cinq claviers, un pédalier et cinquante-et-un registres. C’est alors qu’il devient le chef d’œuvre de la facture d’orgues méridionale et aussi l’un des plus grands instruments de France. Malheureusement il va très vite se détériorer.

Son lent déclin (1838-1903)

En 1838, l’orgue étant particulièrement en mauvais état, une opération de restauration s’avère nécessaire. Elle est confiée aux frères Claude, originaires de Mirecourt (Vosges). Hélas, ce sera un échec et l’instrument sortira gravement mutilé après ces travaux. Deux autres interventions, peu heureuses, sont menées par la suite pour tenter de mettre l’instrument « au goût du jour » : l’une par Frédéric Junck (1856), l’autre par Thiébaut Maucourt (1865).

Sa transformation en orgue symphonique (1904-1971)

Dans les années 1900, le grand orgue est en piteux état et nécessite de très gros travaux. Le Toulousain Jean-Baptiste (dit Théodore) Puget propose un projet de reconstruction complète de l’instrument. C’est en 1903 que le marché est passé. L’instrument est inauguré le 20 novembre 1904 à l’occasion des fêtes de sainte Cécile. C’est maintenant un orgue symphonique, bien loin de l’esprit de l’orgue de Christophe Moucherel, mais de très belle facture. L’instrument possède désormais quatre claviers, un pédalier et soixante-quatorze registres. Les derniers perfectionnements en matière de facture instrumentale sont présents : par exemple, un système permet d’appeler tous les registres de l’orgue en même temps par une simple pression sur une pédale et de les repousser aussi facilement par un mouvement inverse.

Le grand orgue d’Albi devient alors le troisième de France par son nombre de jeux, après ceux de Notre-Dame et de Saint-Sulpice à Paris. Il fait l’objet de toutes les admirations.

Son retour en orgue classique (1981)

Environ cinquante ans après l’intervention de Puget, l’instrument se trouve à nouveau dans un état très préoccupant ; la question d’une restauration se pose. Un premier projet, porté par Kurt Schwenkedel, voit le jour en 1971. Il s’agit de reconstruire le grand orgue Puget et de le transformer en un instrument de type « néo-classique » qui aurait soixante-dix-sept registres, cinq claviers et un pédalier. Les travaux sont entrepris, l’orgue Puget est démonté, mais la société Schwenkedel cesse brutalement son activité.

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Alors on fait appel au facteur franco-italien Barthélémy Formentelli, spécialiste de la facture d’orgues traditionnelle française, pour reprendre les travaux commencés. Suite à un inventaire très précis de la tuyauterie de l’orgue, on découvre que les trois-quarts des tuyaux sont anciens (les tuyaux avaient été réemployés lors des reconstructions successives). Au vu de la présence de tant de tuyaux anciens, il est décidé de reconstituer l’orgue classique avec des procédés et techniques anciens, tel qu’il sonnait après les travaux d’Antoine Peyroulous en 1824, c’est-à-dire l’orgue de Christophe Moucherel, revu et augmenté par l’Epine, Isnard et Peyroulous.

Cette restauration, achevée en 1981, est une réussite et l’orgue sonne aujourd’hui comme il pouvait sonner à la fin du XVIIIe siècle. La mécanique, elle aussi reconstituée avec les mêmes matériaux qu’au XVIIIe siècle, fonctionne comme pouvait fonctionner celle de Christophe Moucherel en 1736. Seul un ventilateur électrique et un éclairage électrique à la console sont les signes du temps présent.

Outre lors des nombreux concerts organisés par l’association Christophe-Moucherel (www.moucherel.fr), le grand orgue se fait entendre chaque dimanche et fêtes aux messes de 10 h 30 et 18 h.

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