HISTOIRE

Qui est sainte Cécile ?

Sainte Cécile est vénérée à Rome depuis au moins la fin du Ve siècle et son culte semble s’être répandu dans l’Albigeois dès le haut Moyen Âge. Qui est donc cette sainte invoquée par les chrétiens depuis si longtemps et qui est la patronne de la cathédrale d’Albi ?

Une martyre romaine du IIIe siècle

Issue d’une famille noble, Cécile vit dans la capitale de l’Empire romain au début du IIIe siècle. Chrétienne, elle y subit le martyre en raison de sa foi vers l’an 230, sous la persécution d’Alexandre Sévère.

Si sa biographie est rapportée par des traditions dépourvues de garantie historique, son existence ne fait guère de doute. Dès 496, en effet, sainte Cécile est vénérée par l’Église de Rome comme vierge et martyre. Une église placée sous son patronage est édifiée à l’emplacement de sa maison, sa fête est fixée au 22 novembre dans le calendrier liturgique et son nom est inséré dans le canon de la messe : preuves que la dévotion populaire accorde une grande importance, déjà à cette époque, à son témoignage de foi.

Le récit de la vie de Cécile est emprunté aux Passions qui regroupaient les vies édifiantes des martyrs des premiers siècles. On s’en inspire pour les saints que l’on désire honorer. D’après les Actes de Cécile (vers 500), repris par le dominicain Jacques de Voragine dans sa Légende dorée (vers 1261-1266), Cécile appartient à l’illustre famille aristocratique des Caecilii. Élevée dans la foi chrétienne, jeune fille fervente, charitable et lumineuse, elle fait vœu de virginité. Mariée de force à un païen du nom de Valérien, elle convainc son mari de partager son vœu. La nuit même de leurs noces, Cécile lui déclare qu’un ange veille sur sa virginité. Désireux de voir cet ange, Valérien décide de se faire instruire dans la foi chrétienne. Il est baptisé par le pape Urbain Ier. Son frère Tiburce le suit dans sa démarche.

Alerté par le zèle des deux frères convertis, qui s’emploient à offrir aux chrétiens martyrisés de Rome une sépulture digne, et bien sûr par celui de Cécile, le préfet Turcius Almachius les fait arrêter. Tandis qu’il relâche Cécile en la plaçant sous surveillance dans sa maison, il fait emprisonner puis condamner à mort Valérien et Tiburce. Édifié par la foi et l’attitude des deux frères lors de leur exécution, Maxime, leur geôlier, se convertit à son tour. Comme Valérien et Tiburce, il meurt pour sa foi.

Séquestrée dans sa maison, Cécile n’en poursuit pas moins sa mission de catéchisation des Romains qui embrassent le christianisme. Le Pape y vient régulièrement enseigner et baptiser. De nouveau dénoncée, Cécile est traduite devant la justice du préfet de Rome. Comme elle refuse de « sacrifier aux idoles », autrement dit d’abjurer le christianisme, elle est condamnée à être ébouillantée, mais les vapeurs ne parvenant pas à l’étouffer, on décide de la décapiter. Le bourreau s’y reprend à trois fois sans y réussir, laissant visibles trois blessures au cou (que l’on retrouve sur le gisant de la sainte). Selon la tradition, sous les coups de hache, Cécile entend une mélodie venue du ciel – le chœur des anges -, qu’elle se met à fredonner. Voilà pourquoi elle deviendra la patronne des musiciens. Finalement elle meurt au bout d’une agonie de trois jours.

Auparavant elle fait don de tous ses biens aux pauvres, excepté sa maison qu’elle lègue au pape Urbain Ier, en lui demandant de la transformer en église. C’est aujourd’hui l’église Sainte-Cécile-du-Trastevere à Rome, où sont vénérés les restes de la sainte. En effet, initialement déposée dans les catacombes de Saint-Calixte, sa dépouille repose dans la crypte de cette église depuis 821, par suite de son transfert ordonné par le pape Pascal Ier.

La patronne de la cathédrale

Le culte à sainte Cécile semble avoir été introduit dans notre région au haut Moyen Âge par les Wisigoths. Pour mémoire, ces derniers arrivent de Rome en Gaule narbonnaise en 413 et font de Toulouse la capitale de leur royaume en 418. Pour des raisons obscures, la liturgie wisigothique accorde une place notable au culte à sainte Cécile. Il est significatif de constater que, dans les régions acquises par les Wisigoths (le Minervois, les Corbières, le Roussillon, la Catalogne…, en plus du Toulousain et de l’Albigeois), la densité d’églises dédiées à sainte Cécile est beaucoup plus importante qu’ailleurs. À cette époque la Civitas albigensium, la Cité albigeoise, est déjà le siège d’un évêché (depuis au moins 405) et abrite dans ses murs une église épiscopale. Comme toute église-mère, elle se doit d’être placée sous le patronage d’un saint ou d’une sainte.

Si la première mention de la dédicace de la cathédrale d’Albi à sainte Cécile ne date que des années 920, les historiens s’accordent à penser que ce vocable pourrait remonter aux origines.

Et si la présence de reliques de la sainte est attestée pour la première fois à Albi vers 1130 (ossements et linges ayant touché son corps), il est vraisemblable que cette présence soit antérieure. À ces vénérables reliques s’en ajoutent d’autres en 1468, concédées par le pape Paul II à l’évêque d’Albi de l’époque, le cardinal Jean Jouffroy, en 1466. Ces précieux restes (radius du bras gauche et maxillaire inférieur de la sainte, morceau d’étoffe teint de son sang, partie de sa robe, fragment du suaire mis par le pape saint Urbain Ier autour de son corps et frange du tapis sur lequel la dépouille de la martyre repose dans son tombeau) sont conservés dans la châsse-reliquaire réalisée par l’orfèvre parisien Placide Poussielgue-Rusand en 1887 à la demande de Mgr Jean-Émile Fonteneau, archevêque d’Albi.

Cette châsse, actuellement placée dans la chapelle du Christ pour la vénération des fidèles, est chaque année portée en procession à la messe solennelle de la fête de sainte Cécile, le dimanche le plus proche du 22 novembre.

Gisant de sainte Cécile (détail).

Prière à sainte Cécile

Sainte Cécile, toi qui as été fidèle au Christ jusqu’au don suprême de ta vie, tu as connu le martyre en même temps que ton mari et ton beau-frère, auxquels tu avais fait connaître le Sauveur Jésus.

Obtiens-nous du Seigneur la capacité de rendre compte sans tiédeur de notre foi au Ressuscité, autant auprès de nos proches que de tous ceux qui cherchent un sens à leur vie.

Fais qu’à ton école, nous apprenions à demeurer dans la louange et dans la joie de ceux qui croient en l’Amour divin et vivent heureux de partager leur amitié avec le Christ.

Amen !

Albi, le 22 novembre 2012.
✠ Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

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