La collégiale Saint-Salvi peut s’enorgueillir du titre de plus ancienne église d’Albi. Elle tient son vocable du premier grand évêque d’Albi, mort en 584. C’est au-dessus du tombeau de ce dernier qu’elle est édifiée, faisant suite à une chapelle carolingienne dédiée à Saint-Sernin, dont il ne reste qu’une petite crypte, ornée de peintures datées du Xe siècle, récemment restaurées.
Sa construction est décidée à la suite de la réforme du chapitre des chanoines, survenue en 1057. De style roman, elle s’échelonne sur les XIe et XIIe siècles. Le chantier débute par la tour septentrionale : son premier niveau avec son porche date des années 1060-1070 et son deuxième niveau, qui porte un décor de bandes lombardes, des années 1080. Peu après sont édifiés le chevet, constitué d’une abside sans déambulatoire et de deux absidioles, le transept et la tour méridionale. Vient enfin la construction de la nef, qui compte sept travées encadrées de collatéraux, entre 1100 et 1120. La collégiale possède au final une longueur dans l’œuvre de 53 m pour une largeur de 18 m.
Au XIIIe siècle, elle connaît une nouvelle période de travaux. On entreprend l’élévation de la tour septentrionale, entre 1220 et 1240, et la construction d’un nouveau cloître à partir de 1270.
Un embellissement en parallèle de celui de la cathédrale
A la fin du XVe siècle, alors que commence à s’embellir la cathédrale Sainte-Cécile grâce au mécénat de l’évêque Louis Ier d’Amboise, les chanoines de Saint-Salvi ne veulent pas être en reste. Ils lancent un programme de grands travaux visant à transformer l’édifice roman en église gothique. Un nouveau chœur, fermé par un jubé, est construit à partir de 1485. L’autel majeur est consacré le 27 septembre 1490. Un ensemble de sept statues prend place dans cette clôture : un Ecce homo et six personnages de l’ancienne Loi, membres du Sanhédrin (statues qui sont aujourd’hui disposées au pied du grand orgue). Puis les travées orientales de la nef et le transept sont entièrement repris et rehaussés, les voûtes s’élevant désormais à 20 m du sol. Les travées occidentales de la nef, laissées en attente, ne seront portées au même niveau qu’en 1737, sous l’impulsion du prévôt Antoine de Metge.
Aux XVIe et XVIIe siècles, chanoines et marchands albigeois font en sorte que la collégiale s’enrichisse d’autres œuvres d’art, comme il en est de la cathédrale. Parmi eux, un marchand pastelier qui commerce à Anvers : vers 1510, il acquiert auprès d’un atelier flamand et fait acheminer sur Albi une Déploration du Christ – magnifique tableau sur bois récemment restauré, que l’on peut admirer dans la chapelle Saint-Louis.
Mais c’est surtout Antoine de Metge, prévôt du chapitre des chanoines de 1717 à 1749, qui contribue à la modernisation et à la remise au goût du jour de la collégiale. En 1720, il fait rénover son sanctuaire, le dotant d’un baldaquin et d’un nouveau maître-autel (consacré le 3 décembre 1723). Puis il fait confectionner deux retables pour les deux absidioles et réaliser une série de grandes toiles retraçant la vie de saint Salvi. Enfin, en 1736, il passe commande au facteur lorrain Christophe Moucherel, qui vient de terminer le grand orgue de la cathédrale, de la construction d’un grand orgue pour la collégiale.
La tourmente révolutionnaire est à l’origine de la destruction de la clôture du chœur, de la fonte de nombreux vases sacrés, des reliquaires, des cloches et des tuyaux d’orgue.
Rendue au culte en 1801, Saint-Salvi ne tarde pas à bénéficier de travaux de réfection extérieure, au niveau de la toiture et des parties hautes, ce qui l’amène à être inscrite au titre des Monuments historiques en 1839. A partir de 1869, une importante campagne de restauration intérieure est menée sous la houlette de l’architecte Camille Bodin-Legendre, de façon plus ou moins heureuse : reprise des colonnes et de leurs chapiteaux romans par Edouard Nelli, création d’un habillage néo-roman dans les parties hautes des travées, pose d’enduits à filets d’appareil incisés imitant le layage…
Placée au cœur de la Cité épiscopale, la collégiale Saint-Salvi est ajoutée, depuis le 31 juillet 2010, à la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Dès lors, elle bénéficie régulièrement de campagnes de restaurations de la part de la municipalité d’Albi, tandis qu’elle demeure pour beaucoup de fidèles de la Cité son cœur battant.
Un cloître attenant
La collégiale recèle par ailleurs quelques sépultures d’évêques d’Albi (antérieurs à la construction de l’actuelle cathédrale Sainte-Cécile). Centre d’une vie de prière communautaire depuis ses origines, elle est flanquée sur sa partie méridionale d’un cloître roman, construit dans les années 1270. Le chapitre, composé de douze chanoines et d’un prévôt est sécularisé en 1523. Il compte quelques célébrités, parmi lesquelles le cardinal Georges d’Armagnac (1501-1585), neveu de Louis II d’Amboise, archevêque de Toulouse puis d’Avignon, lieutenant général du roi en Languedoc, diplomate et protecteur des arts.
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